Hélène Labbé, infirmière en EHPAD (77)Quel a été votre parcours de formation ?

Durant mon année de terminale, j’ai passé le concours pour intégrer l’IFSI afin de devenir infirmière. J’ai décroché mon bac sciences médico-sociales (aujourd’hui ST2S), et j’ai ensuite intégré l’IFSI de Lagny-sur-Marne. En cours de formation, on alterne les périodes en institut de formation, et les stages.

Pendant mes années de formation, j’ai aussi assuré des heures de remplacement en tant qu’aide-soignante ce qui a permis d’étoffer ma pratique, et de voir comment fonctionnait un service hospitalier.

Quelles sont les missions d’une infirmière ?

Un décret de 2009 fixe les compétences infirmières, comme celle d’accompagner une personne dans la réalisation de ses soins quotidiens, d’évaluer une situation clinique, d’établir un diagnostic dans le domaine infirmier ou encore de coordonner des interventions soignantes. On peut déléguer aux aides-soignants l’aide à la prise de repas, l’aide à la toilette, l’aide à la prise de médicaments, par exemple.

Où avez-vous débuté votre carrière d’infirmière ?

Une fois diplômée, je pouvais postuler à tout type de poste : dans un service hospitalier, dans une clinique, dans un Ehpad, dans un centre de Protection Maternelle et Infantile… La seule restriction est l’activité en libéral qui nécessite d’avoir exercé 24 mois en équivalent temps plein dans une structure de soins généraux dans les 6 ans qui précèdent la demande d’installation.

Pour ma part, j’ai postulé à l’hôpital de Lagny-sur-Marne où j’avais fait mes stages. Pour une première expérience, c’était rassurant d’intégrer une structure déjà connue… mais aussi d’avoir une équipe sur qui compter et qui peut aider en cas de besoin. A l’hôpital, on n’est jamais seul !

Cette première expérience a été très formatrice. Durant 18 mois, j’ai assuré des remplacements de longue durée dans différents services (médecine, psychiatrie, « Pool », c’est-à-dire remplacement dans tous les services) me permettant d’être à l’aise dans tous les types de soins, notamment les soins techniques (perfusions, sondes urinaires, pansements, aspirations, etc.).

Vous avez choisi ensuite d’exercer en libéral. Pourquoi ce choix ?

J’ai demandé une année de disponibilité à l’hôpital pour assurer des remplacements en tant qu’infirmière libérale. Avant d’ouvrir mon propre cabinet, je voulais savoir si cela pouvait vraiment me convenir. Il est facile de trouver des offres de remplacement via des sites web ou en appelant directement les cabinets infirmiers. J’ai enchaîné les remplacements durant un an, avant d’ouvrir mon propre cabinet infirmière avec une 2e infirmière, en pleine campagne en Seine-et-Marne.

En libéral, j’ai particulièrement apprécié le fait de prendre le temps voulu avec chaque patient. Chacun nous accueille chez lui pour un pansement, une injection, des prises de sang, etc. Avec certains, une relation de proximité se crée quand on passe 2 fois par jour pour des soins, 7 jours / 7 tout au long de l’année !

Pour s’épanouir en libéral, il faut avoir une bonne gestion de son emploi du temps et s’accorder des journées de repos (d’où l’importance de travailler au moins en binôme pour prendre des congés !). On peut aussi faire des coupures dans la journée. C’est ce que je faisais pour passer du temps avec ma fille. Par exemple, je commençais très tôt la tournée des injections mais étais de retour à la maison pour le petit déjeuner et le départ à l’école !

Aujourd’hui, vous exercez dans un EHPAD. A quoi ressemble votre quotidien d’infirmière ?

J’ai la chance de travailler dans un EHPAD offrant de très bonnes conditions d’exercice. Nous sommes 3 infirmiers par jour, avec 15 aides-soignants par jour, pour 125 résidents. A cela, il faut ajouter une infirmière de nuit, un médecin coordinateur, un médecin prescripteur, et les médecins traitants.

J’ai abandonné le libéral car j’aspirais à un emploi du temps plus compatible avec ma vie de famille. Désormais, j’alterne les « petites semaines » (mercredi et jeudi de 7 h 30 à 19 h 30) et les « grandes semaines » (lundi, mardi, vendredi, samedi, dimanche de 7 h 30 à 19 h 30). J’apprécie ce poste qui me permet de prendre soin de nos aînés. Certains sont là par choix, d’autres par nécessité (démence, dépendance, mobilité réduite…). Pour chacun, j’essaye de contribuer à son bien-être par les soins au quotidien. Au-delà de ma mission d’infirmière, j’aime aussi participer aux repas thématiques et aux animations menées avec les résidents. Ici, je mesure la chance que j’ai de pouvoir prendre le temps nécessaire avec chacun. L’humain est au cœur de mon quotidien, au-delà des gestes techniques.

Pouvez-vous décrire une journée type ?

A 7 h 30, je me mets en tenue, et après mon premier café du jour, ma collègue infirmière me fait les transmissions de la nuit ou des jours précédents. On débute ensuite par les prises de sang, et les surveillances de diabète, par exemple.

A 8 h 30, une autre infirmière arrive à qui nous assurons également la transmission. C’est ensuite le temps de la distribution des médicaments et des injections (insuline, par exemple) et des pansements, dans les chambres.

A midi, on distribue les médicaments dans la salle de restaurants avant que les résidents ne débutent leur déjeuner. Pendant qu’un infirmier reste pour intervenir en cas de « fausse route » durant le repas, les autres font leur pause déjeuner.

L’après-midi est consacrée à la gestion administrative, à la prise de rendez-vous médicaux, à la transmission des informations du jour avec l’équipe soignante, mais aussi à des échanges avec les familles.

A 17 h 30 arrive l’heure de la distribution des médicaments, annonçant la fin prochaine de ma journée de travail à 19 h 30.

Tout au long de la journée, j’aime avoir un petit mot sympa avec chaque résident.

Quel conseil pourriez-vous donner à un jeune sur le point d’entrée en IFSI ?

Le métier d’infirmier est génial car il offre de nombreux lieux d’exercice et de publics : dans l’humanitaire, dans des services variés à l’hôpital, en libéral, en ville comme à la campagne, auprès d’enfants ou de personnes âgées, etc.

L’essentiel est d’aimer prendre soin des autres, et de mettre l’humain au cœur de sa pratique.

 

Propos recueillis par Sandrine Damie (novembre 2019).