Pierre Brouchet, artiste et technicien VFX

Quel a été votre parcours de formation ?

Après le bac (économie) , j'ai suivi une année de préparation aux beaux-arts pour découvrir les bases des formations artistiques. Très rapidement, j'ai senti que la création purement artistique ne me convenait pas, au contraire des filières qui proposent des formations en alternance qui allient production industrielle et savoir-faire artistique. Mon choix s'est porté sur Isart, une école privée parisienne qui prépare à tous les types de métiers dans le domaine des jeux vidéo, du cinéma d'animation et de la publicité. L'univers des VFX (Visual Effects / Effets visuels 3D) en fait partie. Le choix de la formation privée était motivé par la rareté d'écoles publiques équivalentes.  

Quelles sont les qualités qui vous ont servi pendant votre formation pour obtenir votre diplôme ?

La curiosité tout d'abord, ensuite un esprit de synthèse. Pour trouver l'inspiration, il faut au préalable mener un important travail de recherche tout en apprenant à décrypter les images. Ce savoir, synthétisé, nourrit les futures créations. Côté techniques, j'ai suivi des cours de dessin, peinture, sculpture, les couleurs, la perspective, la composition, etc.

La maîtrise des logiciels de modélisation, d'animation, de textures, et la manipulation des moteurs des jeux vidéo viennent dans un deuxième temps.

Parmi les qualités, comptez aussi un esprit pratique et une dose de courage. Il faut apprécier de plonger rapidement dans un cadre professionnel, puisque ces formations se déroulent en alternance. Il faut être débrouillard, ne pas avoir peur de démarcher des entreprises et savoir s'intégrer rapidement dans une équipe qui doit livrer un produit. À l'opposé de l'image du geek dans sa caverne, ces métiers demandent une grande capacité à travailler en équipe.

Quels sont les débouchés du diplôme Chef de projet Game Art ?

Après 5 ans, je suis sorti de l'école avec un diplôme de Chef de projet Game Art. C'est un titre qui englobe tous les savoir-faire d'un graphiste dans le domaine des jeux vidéo. Si je n'avais opté pour les effets spéciaux, j'aurais pu devenir modeleur 3D, animateur, artiste texture ou artiste d'environnement (les décors). À terme, le diplôme peut déboucher sur des postes de chef d'équipe, voir de directeur artistique.

Quel est votre quotidien ? Comment se passe une journée d'artiste et technicien VFX ?

Je travaille au sein d'une PME française, Persistant Studios, qui développe un logiciel d'effets spéciaux interactifs. Il me sert pour créer des effets spéciaux qui se déroulent en temps réel dans le cadre de prestations de services pour des studios de jeux vidéo ou de grandes entreprises industrielles. Il s'agit de créer des effets très techniques, très complexes et toujours produits sur mesure. Un client nous contacte quand il a besoin d'un effet très particulier.

Qu'est-ce qui vous plait dans votre métier d'artiste et technicien VFX ?

J'apprécie la double casquette d'artiste et de programmeur. Les deux aspects sont fascinants. On part de concepts mathématiques (formules et fonctions) pour arriver à la formation d'une expérience visuelle sur un écran. On peut aimer l'art et les mathématiques ! Cependant, pour programmer, il faut surtout un esprit cartésien, ne pas craindre les mathématiques sans avoir obligatoirement un bac scientifique. De même, il n'est pas besoin d'être un grand artiste pour réaliser des éléments très créatifs. Ce métier utilise à la fois le cerveau gauche et le cerveau droit.

Que conseillez-vous à des jeunes voulant se lancer dans ces métiers liés aux effets spéciaux ?

Le diplôme ne débouche pas automatiquement sur un emploi. C'est le travail personnel pour créer un portfolio qui va être déterminant pour les recruteurs. Ces derniers jugent plus sur le travail montré que sur le diplôme ou les notes. Les entreprises qui recrutent peuvent être de toutes tailles et dans de nombreux secteurs. C'est de plus un domaine où la technique et les besoins évoluent très vite, il faut donc rester à l'affût.

(propos recueillis par Sandrine Damie - novembre 2019).

Crédit photos : © P. Brouchet.