Lieutenant Pierre, officier sous contrat spécialisteQuel âge avez-vous et que faisiez-vous avant de rejoindre l’armée ?

J’ai 26 ans. Après un bac S, j’ai fait une prépa math-physique puis j’ai intégré l’ENSEEIHT à Toulouse. Après avoir obtenu mon diplôme d’ingénieur, j’ai travaillé deux mois dans le civil avant de démissionner pour rejoindre l’armée.

Pourquoi avoir choisi de devenir militaire ?

Lors de ma dernière année d’école, alors que j’étais au Canada, j’ai fait quelques stages. Là, j’ai pu me faire une idée du travail d’ingénieur. J’avais l’impression de travailler seulement pour moi, alors que j’avais envie de travailler pour quelque chose de plus grand que moi.

C’est à ce moment-là que j’ai découvert la filière des officiers sous contrat spécialistes, à laquelle je pouvais postuler avec mon diplôme. Parmi les officiers, ce sont des militaires qui ont un profil moins « martial » : ils apportent leur soutien aux forces armées en exerçant leur spécialité (en informatique, ressources humaines, architecture…) mais ne sont pas amenés à commander des hommes sur le terrain. 

En plus, comme le contrat est d’une durée courte (de 5 ans, renouvelable jusqu’à 20 ans), je me suis dit que si ça ne me plaisait pas je pourrais ensuite retourner dans le civil.

Comment avez-vous été recruté ?

Je me suis rendu au Cirfa (centre d'information et de recrutement des forces armées) de Toulouse. Je ne savais alors pas du tout comment se passait le recrutement. J’ai été super bien pris en charge par un capitaine qui m’a tout expliqué, qui m’a confirmé que mon profil était recherché et qui m’a accompagné pendant tout le processus.

J’ai passé quelques entretiens et j’ai rédigé une lettre de motivation. Ensuite j’ai dû faire un choix de trois vœux sur une liste de postes. J’ai passé un entretien pour un premier poste, mais il s’est avéré que ça ne me convenait pas. J’ai refusé ce poste, tout en indiquant que je restais intéressé pour la prochaine vague de recrutement. C’est à ce moment, un peu sous la pression de mes parents, que j’ai accepté un CDI dans le civil. Deux mois après avoir commencé, on m’a rappelé pour un autre poste au ministère des Armées à Balard (Paris 15) qui était beaucoup plus dans mes cordes… 

En quoi consiste votre travail ?

Pour les officiers sous contrat spécialistes (OSCS) - systèmes d’informations et de communications (SIC), chaque poste est à vrai dire assez unique. Ce que l’on fait dépend de où on est positionné.

Personnellement, mon travail s’organise autour de deux choses. D’une part, je m’occupe d’urbanisation des systèmes d’information : je modélise formellement les différents métiers des armées, je cartographie les logiciels et je recoupe pour voir s’il y a des manques ou des redondances.

D’autre part, je m’occupe de l’interopérabilité des systèmes d’information. Je définis des normes de communication et je participe à des réunions internationales afin que nos systèmes puissent communiquer avec ceux de nos alliés.

Dans quelles conditions exercez-vous ces missions ?

Pour la première mission, c’est un travail de bureau assez classique. La seule différence c’est qu’il y a plus d’infrastructures de sécurité. En tant que militaire, on doit également s’entretenir physiquement. Aussi, on fait une à trois séances d’entrainement sportif par semaine sur notre temps et notre lieu de travail.

Pour la seconde mission, je suis amené à me rendre dans tous les pays de l’OTAN : en Allemagne, aux Pays-Bas, aux Etats-Unis… Je voyage seul ou avec une petite délégation. Je prends beaucoup l’avion et je loge à l’hôtel.

Avez-vous suivi une formation particulière ?

Tous les officiers sous contrat spécialistes ont une formation de trois mois à Saint-Cyr Coëtquidan, qui est un condensé de ce qu’apprennent les officiers de carrière. On y est formé au maniement des armes, aux règles des conflits armées… On apprend aussi à se comporter en soldat, la hiérarchie militaire… C’est assez sportif et exigeant, mais cela permet de tisser des liens forts avec les autres et de développer la cohésion militaire.

Un an après avoir commencé à travailler, j’ai également suivi une formation complémentaire de cinq semaines à l’école de transmission des armées. 

Qu’est-ce qui vous plaît dans votre métier ?

En particulier les responsabilités qui me sont confiées. Pour l’illustrer : lors de mon premier jour, alors que je n’étais que sous-lieutenant, on m’a annoncé que je remplaçais deux capitaines et que deux semaines plus tard je partais en mission internationale. Quelques mois plus tard, je partais seul en tant que chef de la délégation française pour représenter mon pays. Il n’y a que dans l’armée qu’on peut faire ça.

Le statut d’officier ou de militaire est aussi une des choses qui me motive. Je suis président du club des lieutenants de Balard. C’est une tradition des régiments que nous avons essayé de reproduire, qui consiste à former un club des lieutenants pour organiser des soirées et des fêtes. Je suis également engagé au conseil d’administration du Cercle des armées. Ces activités correspondent à l’esprit de cohésion propre aux militaires et me permettent de rencontrer plein de gens.
 

 

Propos recueillis par Raphaëlle Pienne (janvier 2020).

 

Crédits photos : Armée de Terre