Commandant Vincent, Officier sous contrat encadrementPouvez-vous nous présenter votre parcours en quelques mots ?

J’ai 13 ans de services en tant qu’officier sous contrat encadrement (OSCE) dans l’armée de Terre. Auparavant, j’avais exercé durant deux ans le métier d’ingénieur en Ecosse, après l’obtention d’un diplôme bac + 5 dans les Télécoms. Mais je trouvais ce travail d’ingénieur dans le civil trop répétitif et routinier. C’est pourquoi j’ai décidé de rejoindre l’armée.

Ma spécialité est d’abord la maintenance. J’ai occupé différents postes de commandement de sections et d’unités chargées de la maintenance des véhicules et des canons. Suite à cette première partie de carrière, j’ai pu faire un choix de spécialité différent. Je suis aujourd’hui chef de projets Télécom. Je travaille actuellement au déploiement d’un nouveau réseau pour le ministère des Armées.

Quelles sont les spécificités du statut d’officier sous contrat encadrement (OSCE) ?

Les officiers sous contrat encadrement sont embauchés sous contrat CDD particulier, renouvelé régulièrement. Nous ne sommes pas des officiers de carrière et n’avons pas les mêmes statuts. Mais nous remplissons les mêmes missions de management et d’encadrement. 

Avez-vous suivi une formation particulière ?

Les officiers sous contrat d’encadrement suivent une formation militaire de quelques mois à Saint Cyr Coëtquidan. Ils partent ensuite pendant un an en école d'application pour se former dans leur domaine de spécialité. Moi, j’ai été formé à la maintenance.

Le métier de soldat implique ensuite de se former régulièrement. Il y a deux ans, j’ai par exemple suivi une formation de quatre mois à Saumur pour le diplôme d’Etat-major. J’ai aussi été amené à avoir des formations pour apprendre à utiliser du matériel particulier ou pour une mission particulière. Sans compter, en régiment, les formations à renouveler régulièrement : au tir, au secourisme…

Qu’avez-vous fait au sortir de votre formation d’officier ?

J’ai d’abord été affecté à un régiment à Nîmes. Par la suite, j’ai participé à deux missions extérieures : au Liban en 2010 et en Afghanistan en 2012. 

En régiment, j’étais en charge de la maintenance des unités soutenues, du suivi RH de mes personnels, de la discipline, de la planification des opérations, de la planification des formations internes et externes… C’est un vrai poste à responsabilités.

Aujourd’hui, mon travail est très différent. Au quotidien, j’enchaîne les réunions pour assembler les différentes briques du projet dont je suis en charge. Je suis logé dans le civil.

Qu’est-ce qui vous plaît dans votre travail d’officier ?

J’apprécie que ce ne soit pas du tout routinier. C’est extrêmement diversifié : on passe des RH au tir, d’une opération extérieure au contrôle de gestion. Ce qui me plaît aussi, c’est l’aspect polyvalence qui en découle. Un officier doit s’adapter à sa mission et savoir toujours se remettre en question.

Le métier comporte-t-il néanmoins des contraintes ?

Quand on est militaire, notre statut est particulier. On est muté tous les quatre ans, pas forcément toujours où on le voudrait. Cela implique aussi une grande disponibilité : il n’y a pas d’horaires et on peut travailler le samedi ou le dimanche. Cela peut être compliqué pour la vie familiale.

Quels conseils donneriez-vous à ceux qui envisageraient une carrière comme la vôtre ?

Ce métier exige des qualités humaines et d’être prêt à se remettre en question tout le temps. Il faut vouloir travailler sur l’humain avant la technique. On doit avoir de l’écoute, des capacités à s’organiser et aborder les rencontres et les difficultés avec humilité.

Il faut aussi pouvoir s’adapter aux contraintes de la vie militaire : porter un treillis, obéir aux ordres, se lever à 5 heures du matin… Pour s’assurer qu’on y est prêt, je conseille de faire une immersion dans le milieu militaire. Pour cela, on peut s’adresser à un Cirfa (centre d'information et de recrutement des forces armées) pour suivre une préparation militaire de quelques jours dans un régiment.

 

Propos recueillis par Raphaëlle Pienne (janvier 2020).

 

Crédits photos : Armée de Terre