Quel a été votre parcours de formation après le bac ?

J'ai commencé par trois ans de Classes Préparatoires aux Grandes Écoles (Hypokhâgne, Khâgne, Cube). Puis, je me suis peu à peu spécialisée dans le milieu de l'édition avec, pour commencer, une première année de Master LME (Lettres appliquées aux Métiers de l'édition) à la Sorbonne (Paris IV), pendant laquelle j'ai pu réaliser un stage de six mois au sein du service de presse des éditions Glénat. J'ai ensuite bifurqué en Master 2 pour continuer ma formation à Villetaneuse (Paris XIII) en Master Commercialisation du livre qui était plus spécifique au métier auquel je me destinais. J'ai réalisé cette année de Master 2 en apprentissage au sein des éditions Bayard/Milan.

Comment avez-vous décroché votre premier emploi d’attachée de presse ?

J'ai décroché mon premier emploi (CDD) en tant qu'attachée de presse tout de suite à la fin de mes études. J'étais apprentie au sein des éditions Bayard/Milan et à la fin de mon contrat, ma tutrice au sein de la maison d'édition partait pour 8 mois de congé maternité. On m'a donc proposé de la remplacer, ce qui m'a permis d'avoir une première expérience à responsabilité dans le milieu.

Depuis ce 1er emploi, vous avez multiplié les expériences dans le domaine de l’édition. Qu’appréciez-vous particulièrement dans ce secteur d’activités ?

J'ai, en effet, eu différentes expériences en peu de temps, c'est ce qui fait la spécificité de mon parcours. J'ai toujours travaillé en tant qu'attachée de presse (avec parfois également une partie community management). C'est ce qui me correspond le mieux : défendre les ouvrages d'une maison d'édition auprès des journalistes, travailler main dans la main avec les auteurs. J'aime être en contact avec tous ces passionnés, et ça me plait d'accompagner les auteurs dans ce moment à la fois magique et anxiogène qu'est la promotion de leurs ouvrages.

Si j'ai toujours exercé le même métier, j'ai travaillé dans des maisons d'édition très différentes. En effet, entre ma première expérience chez Bayard et mon emploi actuel, j'ai eu l'occasion de travailler dans deux autres maisons d'édition, l'une dans le secteur du thriller et l'autre dans celui des beaux livres. Cela m'a permis de tester plusieurs secteurs et de savoir que c'est définitivement celui de la jeunesse et de la BD qui me correspond le mieux.

Aujourd’hui vous êtes Responsable presse et réseaux sociaux au sein de la maison d’édition Sarbacane. Quelles sont vos principales missions ?

Mon poste se divise en deux grand pôles : les relations presse et le digital.

En ce qui concerne la presse, mon rôle est de faire connaître les livres de la maison auprès des journalistes, leur donner envie de les lire et d'en parler dans leurs médias. Pour cela, je rencontre régulièrement les journalistes spécialisés, j'apprends à les connaître et à connaître leurs goûts pour leur proposer les livres qui leur correspondent au mieux. Je me tiens au courant de l'actualité médiatique (nouveaux médias, nouvelles émissions, etc.), je recherche constamment de nouveaux contacts qui pourraient s'intéresser à nos livres... Puis, j'accompagne également les auteurs Sarbacane dans la promotion. Je les accompagne à leurs interviews à la radio ou à la TV par exemple, il m'arrive aussi d'avoir à les conseiller ou de les rassurer car, bien sûr, tout cela peut être assez impressionnant, surtout pour un auteur qui débute.

Côté digital, mon rôle est de gérer le site web et les réseaux sociaux de la maison d’édition. Par exemple, nous avons décidé de refaire entièrement notre site web l'année dernière. Mon rôle était donc de trouver un prestataire, définir nos besoins, établir un budget, etc. et bien sûr accompagner et aiguiller notre prestataire du début à la fin. Pour les réseaux sociaux, j'établis des stratégies globales et j'anime au quotidien les différents réseaux sociaux de la maison (Instagram, Facebook, Twitter). J'envoie également une Newsletter mensuelle aux professionnels (libraires, bibliothécaires, professeurs...) et aux lecteurs pour les tenir informés de nos parutions et de notre actualité (salons, Prix, etc.). Enfin, je noue des partenariats avec des influenceurs (blogueurs, instagrameurs, Youtubeurs) qui défendent nos livres sur le web.

Dans tous les cas, il s'agit de parler de nos ouvrages et de donner envie de les découvrir. J'ai la chance de travailler au sein d'une maison exigeante qui publie des ouvrages de grande qualité. J'ai toujours beaucoup aimé, à titre personnel, les livres publiés par les éditions Sarbacane. Pour mon travail d'attachée de presse comme pour mon travail de community manager, c'est un gros avantage car je n'ai aucun mal à partager mon enthousiasme au sujet des livres que je défends.

Les salons du livre et les signatures d’auteurs/illustrateurs sont des moments forts dans la vie d’une maison d’édition. Comment les préparez-vous pour faire part de votre présence à la presse, aux blogueurs, etc. ? Et le jour J ?

Au sein des éditions Sarbacane, il y a deux personnes dédiées à l'organisation des salons du livre et des signatures en librairie. Je ne m'occupe donc pas, à titre personnel, de la partie organisation. En revanche, j'informe mes contacts (journalistes, blogueurs) de notre présence à ces événements via des Newsletter ou lors de nos échanges coutumiers. Je m'occupe également d'en informer nos lecteurs via les réseaux sociaux.

En général, on essaie toujours de faire des petits reportages photos de notre présence sur les principaux salons (du montage du stand aux dédicaces des auteurs). Cela permet à nos lecteurs de partager un petit peu la vie de la maison !

Les grands salons du livre du type SLPJ de Montreuil, FIBD D'Angoulême, etc. sont aussi pour moi l'occasion de faire beaucoup de rendez-vous car en général les journalistes s'y déplacent en nombre, y compris ceux qui ne vivent pas en région parisienne et que je n'ai donc pas l'occasion de rencontrer en dehors de ces événements.

Vous gérez aussi les réseaux sociaux de votre maison d’édition. Quelle part de votre journée cela occupe-t-il ?

Cela représente une partie minoritaire de mon temps de travail par rapport aux relations presse mais c'est tout de même quelque chose que j'essaie de soigner au mieux. Pour cela, j'essaie de m'organiser de manière efficace. Nos stagiaires m'aident également beaucoup, je suis toujours à l'écoute de leurs idées. Ils ont un regard nouveau et plus extérieur, c'est très important !

On a déjà une stratégie globale pour nos différents réseaux sociaux, qu'on réajuste de temps en temps car sur le web, les tendances évoluent très vite. Puis, au début de chaque mois, on établit un planning de publication pour chaque réseau, en fonction des titres à paraître.

On réfléchit à différentes façons de parler des livres, on a des rendez-vous réguliers (par exemple, chaque mardi nous présentons un personnage de l'un de nos livres, le vendredi nous proposons des BO pour accompagner la lecture de nos romans, etc.), puis on ajuste au fil du mois.

Pour les titres les plus attendus, on réfléchit à une stratégie spécifique et j'établis un plan de communication digital en amont.

Comment mesurez-vous l’impact de vos actions auprès de vos publics cibles ?

En presse comme sur le web, l'impact est toujours difficile à mesurer. On surveille bien sûr les ventes et on peut observer, par exemple, si suite à la publication d'un article dans un grand média ou à un passage radio/TV, il y a eu ou non un pic au niveau des ventes. Mais, en réalité, c'est plus complexe que cela car souvent c'est moins le fait d'avoir un bel article dans un grand média qui a un impact sur les ventes que le fait d'en avoir au fil des semaines toute une succession dans des médias de différentes tailles. C'est assez rare, mais il arrive aussi qu'un livre ait une très bonne réception auprès de la presse mais que les ventes ne suivent pas. Ce n'est pas une science exacte.

Pour les réseaux sociaux, c'est encore plus compliqué à mesurer car en général, la promotion sur les réseaux s'inscrit dans une promotion globale. Difficile donc de mesurer l'impact en lui-même de nos actions sur les réseaux. Je pense personnellement que c'est justement l'accumulation de moyens de promotion (presse, pub, réseaux) qui a un réel impact et moins les actions isolées. Après, on sait que les réseaux sociaux sont importants aujourd'hui car cela relève de l'évidence : en tant qu'éditeur jeunesse, nous cherchons à toucher un public jeune (jeunes parents, adolescents et jeunes adultes) et les jeunes sont (pour bon nombre d'entre eux) sur les réseaux sociaux. À première vue, on pourrait se dire que les passionnés de littérature y seraient, eux, moins présents et pourtant, force est de constater que le livre a une place de choix notamment sur Instagram. Les hashtags dédiés comme #bookstagram ou #instabook affluent et ont un succès fou ! Il est donc indispensable pour une maison d'édition comme la nôtre d'être présente sur les réseaux car cela crée un lien direct avec nos lecteurs. D'ailleurs, les réseaux sociaux peuvent être eux-même un bon outil de mesure. Il y a des livres qu'on voit tout de suite se détacher sur les réseaux (les réactions sur nos posts les concernant sont nombreuses, on voit que beaucoup de gens parlent du livre en question sur leurs propres réseaux, etc.) et pratiquement à chaque fois, cela est représentatif d'un succès en librairie.

Qu’aimez-vous particulièrement dans votre quotidien ?

Ce que j'aime particulièrement dans mon quotidien, c'est qu'il n'y a pas de journée type dans mon métier ! Souvent j'arrive au bureau le matin avec ma petite « to-do-list » préparée pour la journée et à 10 h je vais recevoir un coup de téléphone qui va tout chambouler. Mon quotidien évolue en fonction des rencontres, des livres, de l'actualité... C'est passionnant et très enthousiasmant de venir travailler le matin sans savoir de quoi sa journée sera faite.

Quels conseils pourriez-vous donner aux jeunes souhaitant se lancer dans les relations presse ?

De s'accrocher ! Le métier d'attaché de presse est fait de réussites mais aussi de beaucoup "d'échecs" : parfois on se démène pour défendre un titre et cela n'a pas l'effet escompté. Il faut souvent se battre, beaucoup insister pour faire sa place dans ce milieu. On se prend des portes et on en enfonce d'autres, cela fait partie du quotidien. La littérature jeunesse - secteur dans lequel je travaille - est une catégorie d'ouvrages moins représentée dans les grands médias et c'est parfois long et compliqué de faire tomber certains préjugés mais à la fois, le challenge est passionnant ! En revanche, chaque succès est une véritable victoire et c'est très agréable au quotidien.

Propos recueillis par Sandrine Damie (janvier 2020).