Maxime LoubarQuel âge avez-vous et quel a été votre parcours de formation ?

J’ai 24 ans. J’ai commencé par un cursus en école d’ingénieur, à l’ECE Paris, dont j’ai été diplômé en 2018. J’ai ensuite poursuivi mes études par un Master 2 en physique, orienté vers les énergies et le développement durable, à l’université Paris Diderot. La même année, j’ai suivi en parallèle le diplôme universitaire d’étudiant-entrepreneur (D2E). Je prépare actuellement un Master 2 affaires internationales et développement à l’université Paris Dauphine.

Et parallèlement à vos études, vous menez un projet de création d’entreprise.

Oui, cela a commencé en école d’ingénieur où nous devions développer un projet scientifique. J’avais depuis longtemps l’idée d’inventer un moyen pour permettre aux personnes paralysées de communiquer, car ma grand-mère quand j’étais plus jeune était dans cette situation.

Avec quatre autre étudiants, nous avons développé un projet qui au début était très scolaire. Mais il a décollé en Master 2 avec l’échéance de le présenter au concours Lépine, qui exigeait d’avoir un prototype et a minima un dépôt de brevet. Nous avons obtenu trois prix en tout, alors qu’on ne s’y attendait pas du tout !

Le projet s’appelle Wyes, pour « When Your Eyes Speak ». Pouvez-vous nous en dire plus ?

Wyes (wyes.fr) est une paire de lunettes connectées qui sera capable de distinguer le clignement volontaire des yeux. Cela va agir comme un clic de souris, qui permettra à la personne de sélectionner une commande sur une interface de communication de type tablette.

Ce type de solution existe déjà. Là où Wyes apporte quelque chose, c’est dans l’universalisation de la solution. L’application sera capable de s’adapter à la fatigue musculo-oculaire du patient et, sur le long terme, à l’évolution de la maladie.

Etes-vous seul à travailler sur Wyes ?

Après l’obtention de mon diplôme d’ingénieur, j’ai été seul pendant un an. Mais sur un projet comme celui-ci, mêlant hardware et software, c’était très difficile. Depuis septembre 2019, j’ai été rejoint par ma meilleure amie Sarah qui faisait déjà partie du groupe du projet à l’école d’ingénieur. Pierre, un bon ami de l’école, nous a rejoints également sur la partie technique. Nous formons un trio complémentaire, qui se connaît bien et se fait confiance.

Vous avez préparé l’an passé le diplôme d’étudiant entrepreneur (D2E). Qu’est-ce que cela vous a apporté ?

Le diplôme permet de suivre des formations utiles à son projet de création d’entreprise. Mais surtout il permet de faire partie du réseau des Pépite (Pôles Étudiants Pour l'Innovation, le Transfert et l'Entrepreneuriat). C’est, comme son nom l’indique, un « réseau » qui a la faculté de nous mettre en relation avec beaucoup de personnes. Le statut d’étudiant entrepreneur ouvre aussi le droit de participer à de nombreux concours qui peuvent apporter une aide et surtout un crédit à son projet.

Enfin, le diplôme permet aussi de conserver le statut d’étudiant. Cela ne m’a pas personnellement servi car je menais d’autres études en parallèle. Mais je donnerais plutôt le conseil de préparer le diplôme d’étudiant entrepreneur lorsqu’on a terminé ses études, afin de garder pendant un an les avantages liés au statut étudiant comme les bourses du Crous.Wyes

Le statut d’étudiant-entrepreneur vous a permis de participer à des concours, mais aussi de les remporter. En 2019, Wyes a notamment été récompensé par le prix « Pépite Tremplin » 2019.  

Ce n’est pas le seul : j’ai remporté quatre prix via le réseau Pépite. Grâce au prix Pépite France challenge, j’ai notamment pu partir deux semaines au Canada pour participer au WAQ (Web à Québec) et rencontrer d’autres acteurs du numérique. J’ai également pu y rencontrer des associations, notamment autour du domaine de la maladie de Charcot.

J’ai ensuite remporté deux « petits prix », récompensés par des chèques de 1000 à 1500 euros pour financer l’aide d’un expert pour la création d’entreprise. Enfin le prix Pépite Tremplin : il a permis d’obtenir une enveloppe de 10 000 euros pour le projet, ce qui n’est pas négligeable, et surtout a apporté une notoriété intéressante.

Au vu de votre expérience, pensez-vous que ce soit une bonne idée de se lancer dans la création d’entreprise quand on est étudiant ?

Absolument. Dans mon idée originelle, je pensais créer mon entreprise à 35-40 ans. Mais finalement le bon moment c’est celui où l’on vit la chose. Même si l’on n’a pas encore toutes les compétences, on peut les trouver en s’entourant de personnes qui pourront nous accompagner et nous aider.

Avec les études en parallèle, il y a cependant une charge mentale accrue. C’est pourquoi il faut être passionné pour son projet et bien s’organiser au quotidien pour ne pas décrocher de la partie scolaire. 

Enfin même si cela n’aboutit pas, l’entrepreneuriat apporte énormément quand on est étudiant. L’expérience amène une maturité et une connaissance de la réalité professionnelle très appréciées des recruteurs. Elle permet aussi de rencontrer énormément de personnes. Bref, si vous avez l’idée n’hésitez pas et lancez-vous !

 

Propos recueillis par Raphaëlle Pienne (décembre 2019).